Associa’Jeunes est une asso faite par les jeunes, pour les jeunes. L’idée ? Impulser une dynamique vertueuse en se servant de l’art pour changer ou trouver son mode d’expression afin de prendre confiance en soi. S’affirmer et finalement se rendre compte qu’on a de la valeur et un vrai rôle à jouer dans la société.


Un principe de confiance et de reconnaissance mutuelle

En 2016 un groupe de jeunes lance Associa’Jeunes et petit à petit d’autres se lient au projet.

Pourtant, ce ne sont pas les fondateurs que j’interviewe. J’échange avec Erwan, Thomas et Alan, des jeunes qui se réalisent à travers cette asso. Fait assez rare pour que je le relève : d’habitude les porteurs de projets pensent qu’ils sont les plus à même de raconter l’histoire de leur initiative. Question d’ego ? A vous de me le dire ; moi je salue l’humilité de ceux qui encadrent le projet, mais qui laissent la totale liberté et responsabilité aux plus jeunes de parler de l’asso.

La confiance mutuelle est un fil conducteur que je retrouve tout au long de notre entretien. Car comme me l’expliquent les trois garçons, ils ont placé leur confiance dans ceux qui les encadrent, mais ces derniers aussi leur font totalement confiance. 

“On est reconnaissant envers eux, et eux sont reconnaissants envers nous”.

Bien plus qu’une association artistique

Alan a déjà pris part à des créations artistiques, mais pour lui, la plus value d’Associa’Jeunes ne s’arrête pas à l’art. “On apprend aussi des valeurs, comme le respect. Ils sont là pour nous épauler, prennent le temps de s’immiscer dans notre vie et de nous faire parler. C’est un cadre professionnel et rigoureux, mais on développe aussi des liens personnels. Ils prennent soin de nous comme s’ils étaient des grands frères”.

L’envie de s’impliquer

Les encadrants définissent une trame et montrent un chemin, mais tout repose sur les jeunes et leur libre-arbitre. C’est parce qu’ils ont envie de faire, envie de se trouver ici, que tout prend son sens. 

Comme pour “Opéra Street” par exemple, un projet artistique qui mêle différentes techniques (le théâtre, la danse, l’éloquence…) pour parler des maux forts de la société comme le racisme et les discriminations. 

De jeunes professionnels viennent soutenir la démarche en faisant profiter de leur expérience. Ils leur apprennent, mais jamais ne leur imposent. C’est aux jeunes eux-même de faire la création artistique. Ils écrivent leurs propres textes, choisissent le style de danse qui se retrouvera dans les chorégraphies… C’est avec ce champ libre qu’ils développent leur créativité et leur assurance.

Une création artistique est différente d’un spectacle que l’on reproduit. Plus compliquée, elle implique de partir de zéro, juste avec un thème, une scène ou des personnages. Il faut réfléchir au placement, aux objets, aux tenues, etc.

Une démarche inspirante

Le final d’Opéra Street se passe sous les acclamations du public et les jeunes plein de fierté reçoivent les retours positifs. Ceux qu’ils ont touchés grâce aux sujets abordés, et les autres, qu’ils ont pu inspirer. 

“On s’est rendu compte que ça donnait de la force à d’autres pour faire pareil, pour se révéler.” 

Les collectivités comprennent que cette énergie peut venir de l’intérieur et pas seulement du corps institutionnel ; qu’à travailler main dans la main on a beaucoup plus à y gagner

La Mairie de Pont de Claix par exemple, souhaite dupliquer le Projet Opéra Street et soutient la création de l’association “Oxyjeunes”. Mais ce sont les jeunes d’Associa’Jeunes qui vont venir les aider à créer sous le modèle Projet Opéra Street, en leur laissant leur propre créativité comme on leur a appris à le faire.

Le regard des familles : “ils n’étaient pas prêts”

En prenant confiance en eux, les jeunes transforment leur rapport au monde. Ils m’expliquent qu’ils n’ont plus le même comportement à la maison et que leurs parents en sont agréablement surpris. Ils ont appris à être plus ouvert d’esprit et à mieux formuler ce qu’ils peuvent ressentir, pour mieux se faire comprendre. Ils ont également acquis plus de profondeur et sont davantage à même de s’intéresser à l’Autre pour ce qu’il est vraiment, pas juste rester en surface. 

Je trouve qu’il y a une vrai douceur dans leur discours, celle de la considération de l’Autre.

Trouver sa voie par le biais de la création artistique

Il y a ceux comme Alan qui pratiquent un art depuis plusieurs années, et ceux qui n’ont pas de talents artistiques particuliers. Mais la chance est donnée à tout le monde. Thomas et Erwan voulaient participer, sans trop savoir où aller ni comment s’y prendre. Associa’Jeunes leur a offert une possibilité, proposé quelque chose dans lequel ils se sont reconnus.

C’est ainsi que Thomas a eu une révélation. “Avant j’étais un peu perdu. Associa’Jeunes a cru en moi alors que je ne croyais pas du tout en moi. Je me suis rendu compte de plein de trucs, j’ai pris de l’assurance. Je pense que c’est juste une question d’avoir quelqu’un qui te tend la main et te donne la force d’avoir confiance en toi”. Sages paroles. 

Il me fait part d’un texte qu’il a écrit et joué sur scène, sur la sensation que l’on a lorsqu’on combat une peur. Il termine son récit en m’expliquant qu’il vient de finir l’écriture d’un court métrage. Son ambition ? Devenir acteur !

Erwan continue la conversation en m’expliquant que la communication n’était pas son fort. Les représentations d’Opéra Street lui ont donné une force insoupçonnée. “Je suis passé par tout plein d’étapes, ça m’a ouvert une voie vers les gens et fait découvrir un aspect social. Le fait de donner de l’émotion aux gens en face de moi”. 

Je comprends à quel point la scène valorise les jeunes qui ressortent grandi de cette expérience. Les mots sont d’une authenticité encore une fois touchante : “Ma vie était banale et bancale, Associa’Jeunes m’a laissé la chance de me révéler” me dit Erwan.  

Depuis, il est vraiment motivé par l’envie d’apprendre. Avant, il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de pouvoir engranger du savoir. Pour lui, les connaissances et la confiance (envers les autres et envers soi-même) posent désormais les bases pour révéler qui l’on est vraiment.

Alan a quant à lui quitté son BTS comptabilité/gestion qu’il faisait un peu par défaut. Il a envie de se tourner vers l’événementiel et pour cela, il a intégré un service civique au sein d’Associa’Jeunes.

L’école avant tout

Associa’Jeunes voit sur le long terme et apprend aux jeunes que l’école est primordiale. Développer ses connaissances pour mieux appréhender le monde, car “le savoir, c’est le pouvoir”, n’est-ce pas ?

Les répétitions artistiques, parfois longues et fatiguantes, ne se font jamais au détriment des heures de cours ou des devoirs. Les encadrants cherchent même des solutions pour les faire progresser individuellement et se rapprochent d’autres asso comme PolyHelp, pour qu’ils puissent être accompagnés de manière personnalisée.

Des voyages pour se découvrir en découvrant le monde

Thomas a eu la chance de partir en Belgique avec Associa’Jeunes. Ils se sont rendus dans un centre artistique avec d’autres du même âge qui venaient d’un peu partout en Europe. Thomas m’explique qu’ils ont fait des ateliers qui lui paraissaient étranges au début. Avec le recul c’est surtout de “vrais moments de partage, profonds et plein de sens” qu’il a vécu. Dans son discours je perçois l’image d’un serpent qui mue et se débarrasse des a priori qui avaient fini par le ternir.  A l’issu de ce voyage, Thomas revient encore une fois grandi dans son rapport à l’Autre et dans sa connaissance de lui-même.

Des partenariats qui reposent sur l’échange

Pour les aider, ils ont quelques partenaires. Des privés comme le fast-food Goa au centre ville de Grenoble et la salle de spectacle Grenoble Comedy Club ; des institutions comme la MJC Robert Desnos sur la commune d’Echirolles ; ou encore l’association Akatsuki Charity

Ce ne sont pas de simples partenaires, du moins pas au sens économique où on l’entend. Ce sont de vrais partenaires, avec lesquels ils instaurent une relation d’échange, une entraide mutuelle

C’est ainsi que vous pourrez voir Thomas présenter les artistes avant leur entrée sur les planches du Grenoble Comedy Show. Ils font également des maraudes avec l’association humanitaire Akatsuki. Plus récemment, ils ont donné la main à GoaIndianFastFood pour distribuer des repas aux soignants ! 

Le leitmotiv d’Associa’Jeunes est de construire des partenariats dans la durée, sur le principe de l’adage “l’union fait la force”

Les objectifs d’Associa’Jeunes

Ils ont créé plus de 45 événements, sans réels moyens financiers ! Alors bien sûr, l’association continuera coûte que coûte à faire ce qu’elle fait déjà et à encourager les jeunes à travers l’art. Mais elle souhaiterait qu’ils puissent répéter dans de meilleures conditions en obtenant une résidence dans des salles dédiées. Également, ouvrir ses actions à davantage de jeunes. Impossible pour le moment, du moins tant que les collectivités ne les aideront pas plus financièrement…


Je termine cet article par les mots de ces jeunes, que je voudrais que l’on transpose à l’ensemble de la société : tout le monde peut apporter quelque chose dans un groupe. On apprend tous les uns des autres. En créant notre chemin, on inspire d’autres personnes à en faire de même et on réduit les inégalités.

Retrouvez Associa’Jeunes sur leur page Facebook et sur leur compte Instagram.

groupe Associa'Jeunes
© Associa’Jeunes
danse Associa'Jeunes
© Associa’Jeunes
Chant Associa'Jeunes
© Associa’Jeunes
Opéra Street, Associa'Jeunes
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes sur scène
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes sur scène en extérieur
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes et le chant
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes en répétitions
© Associa’Jeunes
Groupe Associa'Jeunes devant une image des bulles de la Bastille
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes sur scène
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes sur scène
© Associa’Jeunes
Associa'Jeunes en répétition
© Associa’Jeunes