J’ai fait la rencontre d’Hasni, ancien éducateur et originaire de Teisseire. Il fait aujourd’hui partie intégrante de la ville et propose gratuitement ses services en tant que coiffeur dans différents spots de Grenoble. D’abord dans le but de venir en aide aux personnes les plus pauvres de son quartier « avec leurs exigences », il a ensuite décidé de coiffer les plus démunis, directement dans la rue.


Un travail de fond grâce à son expérience de la rue

Autrefois éducateur spécialisé, Hasni a une longue expérience dans le domaine social. Il est notamment intervenu au sein de tables de quartier, « adultes relais » et foyers, ou encore en tant qu’accompagnateur dans des hospices et maisons de retraite. Sa connaissance de la rue lui a permit de venir en aide aux populations vulnérables et de s’ancrer pleinement dans la ville. Car en véritable acte civique, sa tâche va bien au-delà du coiffage. Il s’agit pour lui d’être avant tout à l’écoute, mais aussi de rediriger les personnes vers les structures adaptées selon les besoins – les associations et les structures pertinentes prenant ensuite le relai. Sa priorité est donc de tendre vers la sécurité des citoyens tout en leur apportant un moment de réconfort.

Je demande alors à Hasni combien de personnes le connaissent désormais, et s’il y a des habitués. Oui, il connait un tas de gens, mais en rencontre aussi de nouvelles chaque jour ! Bien qu’impliqué dans son activité, il sait aussi se distancier des histoires qu’on lui raconte. On le repère avec sa casquette, ses lunettes noires et sa tondeuse, comme un costume de super-héros dans les rues de Grenoble.

© Street Coiff


© Street Coiff

La solidarité, une affaire de famille

Hasni a pour exemple un père humaniste qui lui a transmis des valeurs comme le partage, la solidarité, l’ouverture, la curiosité. A la clé, une éducation particulière, celle d’aborder avec le sourire et d’apporter de l’attention aux oubliés, en bref : de se lier aux autres. Coiffer quelqu’un c’est aussi se lier non ?! J’y viens justement…

Il se rappelle ce père immigré dans le Teisseire des années 80, celui qui a proposé un jour à un skinhead d’entrer chez lui pour lui faire une coupe de cheveux. Celui qui décida qu’à partir de ce jour, il utiliserait sa tondeuse pour proposer ses services gratuitement aux plus démunis de son quartier.

« Avant, dans le quartier, la solidarité battait son plein. »

Hasni, Street Coiff

Une ouverture d’esprit et une solidarité qu’il a enseigné à ses enfants. C’est donc tout naturellement qu’Hasni le transmet aujourd’hui à ses propres enfants âgés de 8, 10 et 12 ans. Ils l’accompagnent régulièrement dans les rues de Grenoble pour l’assister dans les coiffages comme une manière d’apporter de l’apaisement dans des moments de partage.

Son rôle de créateur de lien

Hasni prend son activité au sérieux puisqu’en plus de l’entraide, il y a aussi une dimension de réconfort. En proposant une animation autour de ses coiffages, il apporte de l’attention « à ce public oublié ». Son but est aussi de sensibiliser à la condition de SDF. Hasni veut ainsi rappeler qu’être dans la rue ne signifie pas nécessairement perdre son individualité  et sa dignité. 

En écoutant ces paroles pleines de bon sens, je comprend qu’il y a une vraie pédagogie à avoir, face à ce défi social. Son engagement me touche, c’est pourquoi je salue des âmes comme celles d’Hasni et des gens qui le soutiennent. D’ailleurs du soutien il en a eu, notamment en ayant l’opportunité de s’exprimer à la radio (News FM) sur ces sujets et en diffusant un rap qu’il a lui-même écrit . Une autre manière pour Hasni de faire passer un message aux générations futures, et de laisser des traces pour ses enfants. Il veut ainsi incarner à travers Street Coiff son vécu, ses expériences et cette passion « qui lui a sauvé la vie ».

© Street Coiff

Le tissu associatif comme vecteur de solidarité 

Le Réseau France Bénévolat a pour but de participer au développement de l’engagement bénévole associatif pour une citoyenneté active.

Selon une enquête Recherches et Solidarités, « Utiliser mes compétences professionnelles pour l’intérêt général » et « Rencontrer des gens » font partie des principales raisons de motivation dans l’acte bénévole.

Le bénévolat plonge ses racines dans le « faire-ensemble », la confiance, la bonne volonté et la bienveillance envers autrui.

https://grenoble-isere.francebenevolat.org/

Une bonne manière de tisser du lien social et d’agir en conséquence. Et vous, quels talents aimeriez-vous mettre au service de tous ?

France Bénévolat : https://www.francebenevolat.org/reseau

Quelques chiffres

Le Rapport 2020 sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre (lien dossier) présente une estimation de plus de 4 millions de personnes mal logées et 12,1 personnes de personnes fragilisées par rapport au logement.

Cliquez pour lire le rapport !

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Sana Bensaoula